Nevers place Jean Desveaux

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PLACE JEAN DESVEAUX à NEVERS (Devenue Place de Résistance)

  • C'est l'ancienne place de la Caserne.
    Le 27 novembre 1762, l'assemblée municipale de Nevers vota, à l'unanimité, la construction d'une caserne. Les premiers plans et devis, pour loger environ 200 hommes et autant de chevaux, furent dressés par M. Leclerc, ingénieur du roi à Moulins, et remis à la ville le 6 septembre 1766. L'emplacement choisi fut la partie inférieure de l'ancien marais des Minimes, le bâtiment étant situé à peu près sur le tracé actuel de la rue Gambetta, entre la rue du Rempart(1) et l'avenue Marceau ; les travaux furent adjugés, le 12 août 1767, à Marandat, architecte à Nevers. Les terrains furent payés aux Minimes et à 26 autres propriétaires. M. Leclerc ayant été remplacé à Moulins par M. Desvaux, celui-ci présenta un nouveau projet qui fut adopté le 10 août 1768. Le sculpteur Magis fut chargé, moyennant mille livres, d'exécuter les armes du roi et celles de la ville, celles de Mgr le duc de Nivernais et celles de Mgr l'Intendant avec les agréments et trophées convenables. Ces ornements devaient être placés au-dessus des portes et croisées, savoir : les armes du roi dans le milieu, celles de Mgr le duc de Nivernais, du côté des Minimes ; celles de Mgr l'intendant, de l'autre côté ; et, au haut du fronton, celles de la ville. En 1777, le régiment de Royal-Piémont fut installé dans les nouveaux bâtiments. Les travaux coûtèrent 281.859 livres 16 sols 6 deniers, soit 278.788 francs. La caserne n'étant point close de murs, on se servait comme champ de manœuvres du terrain situé entre le bâtiment et la porte de Paris(2). Les armoiries furent enlevées en 1792. Les 13 et 21 thermidor an XI (1er et 9 août 1803) et 28 pluviôse an XII (18 février 1804) la municipalité aménagea des écuries pour un régiment complet de cavalerie. En 1810, Napoléon fixa l'effectif à 700 hommes et 400 chevaux. Plus tard, la cavalerie fut réduite à un détachement envoyé par le régiment de Moulins, et l'infanterie occupa presque toute la caserne. Après 1870, la cavalerie fut complètement supprimée, puis on transporta la caserne route de Fourchambault.(3)
    A peu près tout ce qui se trouve entre les rues du Rempart (1) et Clerget, d'une part, la rue Hoche et la place Jean Desveaux, d'autre part, fut le clos des Minimes et de la caserne.
    Le 28 mai 1878, la place de la Caserne reçut le nom de place Jean Desveaux, en souvenir d'un ancien maire de Nevers(4).
    Cette place est plutôt un square, très bien entretenu du reste, et garni de grilles.
    En 1848, on y planta un arbre de la Liberté.
    En 1882, il fut question d'y transporter la fontaine monumentale de la place de la République ; mais la dépense, évaluée à 22.000 fr., fit avorter le projet.
    En 1885, l'État offrit, pour ce square, un groupe ou une statue, à la condition que la ville en paierait la moitié. Le Conseil municipal ne donna pas suite à cette proposition.
    N° 1. Hôtel de la Préfecture. Depuis l'institution des Préfets (1800) jusqu'en 1829, ces fonctionnaires habitaient le palais épiscopal. Pendant la session de 1823, le Conseil général acquit, moyennant 90.000 fr, l'hôtel de M. Auguste de Champs, avec toutes ses dépendances, y compris la petite maison sise rue de l'Esguillerie(5). Cet hôtel était situé entre un immense jardin, appelé la Pépinière avant 1790, et une terrasse de 3 m. 50 de haut, donnant sur la route de Paris(6). La jouissance fut fixée au 1er janvier 1824. Les travaux d'appropriation, évalués à 70.000 fr., et qui montèrent, dit-on, à plus de 200.000, devaient consister spécialement à élever, les deux galeries latérales au niveau du premier étage et à les élargir du côté de la terrasse. Un moment, dans sa session de 1824, le Conseil général songea à maintenir la Préfecture au palais épiscopal et à loger l'évêque dans l'Hôtel de Champs ; mais cette idée fut abandonnée. Les travaux commencèrent aussitôt. On fit disparaître la terrasse qui était devant l'hôtel et on plaça la grille en fer actuelle. Il faut reconnaître que la Préfecture, en tant que bâtiment, n'a rien de remarquable. A cause d'elle, la place fut souvent nommée place de la Préfecture.
    N° 3 bis. Hôtel des Postes et Télégraphes. Assez belle construction achevée en 1899.
    N° 8. Maison particulière décorée de deux jolis bas-reliefs (Eve et Bacchus), œuvres du sculpteur nivernais Alix Marquet.
    N° 10. Hôtel de France. Ce n'était jadis qu'un petit pavillon carré où il y avait une guinguette pour les sous-officiers du Royal-Piémont. La guinguette alla toujours en croissant et devint, pendant la Révolution, l'Hôtel de la Nation. Fouché y logea en 1793 et sa femme y accoucha d'une fille. En 1805, après le passage à Nevers de Napoléon, qui revenait de se faire sacrer roi d'Italie, l'établissement prit le nom d'Hôtel de l'Empereur. En allant à l'île d'Elbe, Napoléon y descendit le 21 avril et en repartit le lendemain 22, à six heures du matin. Depuis la Restauration, l'établissement est devenu l'Hôtel de France. Le 18 février 1846, l'ambassadeur du Maroc s'y arrêta quelques heures avec sa suite.
    Dans un des petits jardins, devant l'hôtel de France, fut érigé, le 14 juillet 1910, un monument en l'honneur du commandant Alexis Provot, tué à Casablanca. Ce monument est dû à notre confrère M. Alix Marquet.

    (1) Actuelle Avenue pierre Bérégovoy.
    (2) Les murs de clôture furent construits en 1821 autour de la cour des fumiers (côté du Parc) et en 1850 sur la rue du Rempart.(1)
    (3) Actuelle Rue du Treizième de Ligne.
    (4) Jean Desveaux fut trois fois maire de Nevers, de 1830 à 1863. Il mourut en 1865 dans l'une des maisons situées alors au bas de la place de la République. Il était officier de la Légion d'honneur.
    (5) Actuelle rue de la Préfecture.
    (6) Actuelle Avenue Colbert.


    Victor GUENEAU dans Mémoires de la Société académique du Nivernais – 1925/T27