Insolite
1906 - Récupération politique
Un domestique de ferme, honnête et travailleur, surpris par le garde au moment où il emportait un lapin trouvé par hasard dans un collet s'enfuit [...]. Pour certains la vie d'un lapin est plus précieuse que celle d'un travailleur.
L'Observateur du Centre, 27 mars 1906.
1907 - Chez Salomon
« Tous les vendredis la salle de justice de paix est envahie. Il y a spectacle. Tous, grands et petits, viennent y prendre un moment de récréation. Vendredi dernier, affaire Foulet contre Delau. Les témoins ont rivalisé de cocasserie avec le juge. L'un nous dit cette bouffonnerie : « J'ai été présent à toute la conversation, mais je ne puis rien dire, parce que je suis sorti pour satisfaire un petit besoin. » L'autre est moins drôle mais tout aussi ridicule. Sérieusement, il fait une longue narration des faits qui ont précédé l'affaire. Arrivé là, il s'arrête court, il ne sait plus rien. Sa mémoire a une éclipse. Un troisième déclare qu'il était sourd à ce moment-là. Il a, dit-il, des accès de surdité qui ne durent pas. Enfin, le juge se déclare suffisamment éclairé. « Attendu, dit-il, que Delau a eu tort d'appeler Foulet canaille, condamnons... (un temps d'arrêt)... Delau (la figure de Foulet est joyeuse) au tiers des dépens... et Foulet au reste (nez de Foulet), c'est-à-dire aux deux tiers (hilarité et tumulte). A une autre affaire ! »
L'Observateur du Centre, 25-5-1907.
1908 - Dément ou démente ?
A la gare de Decize, les cheminots et les voyageurs ont assisté à un spectacle inhabituel. Un jeune homme de 25 ans, pupille de l'assistance publique et demeurant à Saint-Léger, s'est tout d'abord complètement dévêtu sur le quai de la gare. Interpellé et sommé de se rhabiller, il s'est exécuté et il est sorti dans la cour de la gare. Là, il a avisé une charrette attelée d'un cheval. Se prenant pour un cow-boy, il a sauté sur le cheval et il a tenté de le faire partir au galop. L'énergumène a été conduit sous bonne garde à sa mère nourricière.
Le Journal de la Nièvre, 22 mars 1908.
Une fumerie d'opium et un casino clandestin à La Machine.
Deux Chinois, Ly Pao Tsieng et Ly Tieng Tang (ou Ly Kien Choang) sont arrêtés par la gendarmerie le 31 juillet 1930. Dans une chambre de la Cité des Glénons, à La Machine, ils avaient organisé une fumerie d'opium pour leurs compatriotes(1). En plus des fumeurs d'opium, le local était fréquenté par Suzanne Marquis, pensionnaire de la maison de tolérance.
Le commissaire responsable de la Sûreté Générale à Nevers prend l'enquête en mains et il remonte la filière, ce qui nous permet de connaître les antécédents des deux délinquants : Ly Pao Tsieng est né le 10 août 1885 à Fi Hsien (Chine) ; il a été embauché aux mines de La Machine le 13 mai 1929; auparavant, il résidait à Issy-les-Moulineaux ; il a été déjà condamné deux fois pour avoir tenu une fumerie d'opium et il est sous le coup d'un arrêté d'expulsion en date du 16 novembre 1929 (la direction des mines n'a pas vérifié assez soigneusement ses papiers). Son comparse, Ly Kien Choang, né en 1889 à Pékin, est arrivé plus récemment à La Machine, le 10 juin 1930 ; auparavant, il était serveur dans un restaurant chinois du boulevard Saint-Michel, à Paris. Ly Kien ne travaille plus, il prétend vivre de ses économies.
Le 6 août, un autre Chinois, manœuvre à Imphy, résidant en France depuis 13 ans, est arrêté. Song Wai Tsai, né le 8 février 1896 à Tong Mio, a travaillé successivement à Toulon, Lyon, Roanne, La Fère, Coucy-le-Château et Paris. On a trouvé sur lui 50 grammes d'opium ; il est écroué à Nevers.
Dix jours plus tard, les gendarmes interpellent deux autres ouvriers des aciéries d'Imphy : Ko Chang Fou, 38 ans, et Chouo Son Fung, 31 ans, rejoignent leurs compatriotes en prison. Le premier était possesseur de 5,80 grammes d'opium, le second de 3,75 grammes. D'où la drogue provenait-elle? Aucun des cinq prévenus n'est très bavard, ils se contentent d'indiquer Marseille.
"Une personne digne de foi qui tient à conserver l'anonymat" (peut-être s'agit-il de la prostituée mentionnée plus haut, qui servait d'indic) apporte à la police une enveloppe trouvée dans le cantonnement chinois de La Machine. L'adresse est reconnue comme étant celle du fournisseur : M. Shu Stu Hoa, 15 montée du Saint-Esprit, Marseille, Bouches-du-Rhône.
Il ne reste plus au commissaire qu'à transmettre le dossier à ses collègues marseillais, via le ministère.
(1) La Tribune du Centre, 7 août 1930 et Archives Départementales de la Nièvre, dossier série M, Cabinet du Préfet, direction de la Sûreté Générale, documents n°777,798 et 919.
Texte de Pierre Volut http://histoiresdedecize.pagesperso-orange.fr/index.htm et http://lesbleuetsdecizois.blogspot.fr/ mis en page par Martine NOËL (discussion) 25 avril 2018 à 13:29 (CEST)